Dimanche 16 juin à 17h à la cathédrale

Récital Franz Liszt par Odile Jutten

Programme :

*Weinen, klagen, Sorgen, Zagen ( 1863)

*Evocation à la Chapelle sixtine (1863)

*Richard Wagner : Pilgerchor aus “Taunnhaüser” (1862)

* Orpheus, Symphonishe Dichtung (v. 1860)

*Fantasie und Fuge über den Choral “Ad nos, ad salutarem undam” aus der Oper “Der Prophet” von Meyerber (1850)

 

LISZT ET L’ORGUE
En tant qu’instrumentiste, Liszt était d’abord un pianiste, mais on connaît son attirance pour l’orgue par d’assez nombreuses sources1 . Lors de ses voyages, dès que l’occasion s’en présentait, Liszt se mettait aux claviers des orgues qu’il rencontrait : l’épisode mémorable du voyage à Fribourg en 1836 raconté par Adolphe PICTET et George SAND nous laisse imaginer l’improvisation saisissante que Liszt fit à partir d’un thème du Requiem de Mozart, sur l’orgue tout récemment construit par le facteur Mooser, improvisation qui pourrait certainement être considérée comme annonciatrice des grandes fresques à venir (Fantaisie sur ad nos... Weigen, Klagen....).

L’intérêt de Liszt pour l’orgue s’accrut à partir de son installation à Weimar à la fin des années 1840 (le souvenir et l’empreinte spirituelle de J.S. Bach y étaient sans doute pour quelque chose). Il sillonna alors régulièrement les villages de la région à la découverte des différents orgues existants, en compagnie de deux de ses proches, organistes eux-mêmes : W. Gottschalg et A. Winterberger. On peut se rendre compte de l’intérêt qu’il porta à la facture d’orgues contemporaine et aux recherches qu’il fit de registrations novatrices par les indications suggérées dans un certain nombre de ses partitions pour orgue.

L’OEUVRE POUR ORGUE
L’oeuvre pour orgue de Liszt est sans doute la partie de sa production musicale la moins connue du grand public, pourtant son apport à la littérature organistique est capital. La première oeuvre que Liszt écrivit pour cet instrument, en 1850, la magistrale Fantaisie sur ad nos ad salutarem undam”, qui sera l’aboutissement du programme, est l’oeuvre la plus impressionnante qui ait jamais été conçue alors pour l’instrument, elle est un jalon capital de l’écriture pour orgue et ouvre la voie aux chefs-d’oeuvre à venir de César Franck, Julius Reubke, Charles-Maire Widor, Charles Tournemire...

Mais le catalogue pour orgue de Liszt est à l’image de son auteur, complexe et multiforme : en plus d’oeuvres originales, il comporte de nombreuses transcriptions d’oeuvres vocales, orchestrales ou pianistiques du compositeur ou d’autres auteurs. Il s’étend des années 1850 à la fin de la vie de Liszt et connaît, comme le reste de son oeuvre, une évolution stylistique et un dépouillement progressif.

CHOIX DU PROGRAMME
Le parti choisi pour ce programme a été de mettre en relation le grand instrument contemporain de la cathédrale d’Evreux,- dont Liszt aurait de toute évidence apprécié les innombrables ressources timbriques et dynamiques, étant donné l’intérêt qu’il porta aux instruments similaires de son époque, - avec deux des pièces les plus marquantes de l’oeuvre lisztienne, qui ouvriront et clôtureront le concert. Puis, d’intercaler entre ces deux “piliers” trois oeuvres qui témoignent de son habileté à la transcription.

Lorsqu’il puise dans sa propre musique orchestrale, Liszt parvient en effet, par un travail de “condensation musicale”, à tirer la quintessence d’oeuvres souvent monumentales (Dante-Symphonie, Légende de Ste Elisabeth, Orpheus). Et lorsqu’il se tourne vers d’autres auteurs (Mozart, Allegri, Wagner), on sent en lui cette générosité qui le conduit à rendre hommage à l’oeuvre de ceux qu’il admire, générosité qui a été un des moteurs de ses engagements artistiques durant toute sa vie.

Puisse ce programme rendre justice à cette déclaration du compositeur : “Ma seule ambition de musicien était et serait de lancer mon javelot dans les espaces indéfinis de l’avenir”.

Nommée récemment organiste de la cathédrale d’Evreux par l’Evêque d’Evreux, Odile Jutten a obtenu au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris les prix d’orgue, improvisation, harmonie, contrepoint et fugue, ainsi qu’un doctorat de musicologie à la Sorbonne « L’enseignement de l’improvisation à la classe d’orgue du Conservatoire de Paris, 1819-1986 thèse de doctorat, Lille Septentrion ; Thèses à la carte, 2000)
Elle a reçu le Grand Prix du Concours européen d’orgue et d’improvisation de Beauvais en 1983. Elle est actuellement maître de conférences au Département Arts-Musique de l’université d’Evry et titulaire de l’orgue John Abbey de la cathédrale de Châlons-en-Champagne.
Elle a mené des activités associatives culturelles en faveur des orgues en Champagne depuis 1981 (direction artistique des 1er et 2ème congrès internationaux Cavaillé-Coll à Epernay en 1987 et 1994) Elle est membre de la Commission Nationale des Monuments historiques au Ministère de la Culture et de la Communication depuis 1994.
Odile Jutten donne des concerts comme interprète et improvisatrice, avec un répertoire s’étendant du XVIe siècle à notre époque. L’improvisation, en tant que démarche créatrice, tient une place importante dans son activité musicale (concerts luminographiques à la chapelle de la Salpétrière, à la cathédrale de Chartres, concerts avec récitant dans les églises St Sulpice et la Trinité à Paris